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TRIO RIVES

1/ Première Rive16:21

2/ Deuxième Rive23:35

(Jazz-Quad, Russie) — Trio Rives — 18 mai 2014

Le deuxième disque dans l’histoire du jeune label français Label Rives est l’album Trio Rives. Le fond rouge de la pochette du premier album du label (Quartet Alta, dont on peut lire la critique sur notre site) a laissé place au bleu ; pour le reste, le style unique du graphisme des éditions — le disque lui-même, le livret et le flyer placés entre deux plaques de caoutchouc magnétique — initié par le fondateur du label, Gaël Mével, demeure inchangé.

Deux des musiciens de ce nouvel enregistrement sont déjà connus du premier disque du label. Dans Trio Rives figurent Gaël Mével lui-même — pianiste, violoncelliste et compositeur, qui joue ici aussi du bandonéon et de la guitare — et le batteur/percussionniste Thierry Waziniak. Leur partenaire sur ce projet est le vétéran du jazz français, le saxophoniste et clarinettiste Jacques Di Donato.

Les trois musiciens se connaissent très bien, ayant souvent joué ensemble dans des formations de formats divers ; ce projet est donc la rencontre d’anciens amis et, si je puis me permettre, d’âmes sœurs musicales, dans la mesure où les trois évoluent dans le champ de l’improvisation contemporaine — infiniment éloignée du jazz américain traditionnel et beaucoup plus proche des idées de l’avant-garde académique contemporaine.

L’album de quarante minutes se compose de seulement deux pièces — de vastes toiles improvisées développées — simplement numérotées, peut-être afin d’offrir à l’auditeur une liberté totale de perception, sans l’orienter par des titres qui imposeraient une lecture. À l’écoute, on a parfois l’impression d’entendre non pas un trio mais un quatuor : une quatrième présence invisible se fait sentir — et ce quatrième musicien s’appelle le Silence.

Les pauses et les intervalles jouent un rôle très important dans le son du trio, en particulier dans la première composition. Certains sons isolés — piano, saxophone, bandonéon — semblent errer dans l’obscurité, leurs voix solitaires peu liées entre elles, entourées d’un cocon dense de silence. En repensant aux compatriotes des exécutants, Sartre et Camus, j’appellerais l’esthétique du Trio Rives un « existentialisme musical ». C’est une musique hermétique, difficile d’accès, mais impressionnante.

La seconde pièce paraît un peu moins radicale. Les liens éphémères entre les instruments commencent à prendre des contours tangibles — par exemple lorsque la percussion de Waziniak résonne sur un ostinato de piano de Mével. Dans le dernier tiers de la pièce, Di Donato livre un solo extrêmement émouvant au saxophone soprano, auquel Mével et Waziniak répondent par leurs propres lignes contrapuntiques.

La température, jusque-là plutôt froide du développement de l’improvisation collective, augmente brusquement ; la tension monte pour s’achever sur une nouvelle pause, après laquelle l’album se conclut par une série de sons bien définis.

Je pense que ce projet — et l’activité du label Label Rives dans son ensemble — offrira à beaucoup la possibilité de découvrir l’école française du jazz d’avant-garde et de se persuader qu’à côté des scènes allemande, britannique ou néerlandaise, il existe en France de nombreux musiciens intéressants, des idées créatives et des projets insolites destinés aux auditeurs préparés à ce type de musique. Bien sûr, comme ailleurs, ils sont beaucoup moins nombreux que les fans de pop ou de rock, mais le public reconnaissant sur lequel peuvent compter ces musiciens existe et perdurera.

JazzWord — 26 Sept. 2014

Musique entièrement improvisée, sans artifice : ce CD montre comment trois musiciens français confirmés s’associent pour créer une sorte de poème sonore faisant autant appel au sérialisme qu’au swing. Sans fissure apparente, ce trio construit deux longs programmes qui étonnent continuellement par leurs transitions rapides.

Un professeur de musique de distinction, qui a enregistré avec des flûtistes comme Michel Edelin, Jacques Di Donato joue ici clarinette, saxophone soprano et percussions. Gaël Mével, dont la compétence s’étend au cinéma ainsi qu’aux études musicales, joue piano, violoncelle, guitare, bandonéon et percussions. Pendant ce temps, Thierry Waziniak, collaborateur de longue date de Mével, offrant ses percussions et batterie, apporte sa palette.

Cette multi-instrumentation sans complication permet à chaque morceau d’inclure plusieurs motifs simultanés. Par exemple, des passages de piano à la Morton Feldman apparaissent de façon fugitive, offrant un continuum sans contrainte. À cela s’ajoute un espace sonore qui peut être consacré à des expositions contrapuntiques de guitares grattées, à des coups secs de violoncelle semblables à une contrebasse, ou à des souffles tremolo du bandonéon. Des percussions discrètes ajoutent un ombrage modulé, tandis que, tel un chimiste prudent, le souffleur Di Donato ne produit que le nombre exact de tons fendus ou de stridences staccato pour ajouter les ingrédients justes à ses improvisations.

À certains moments, les membres du trio basculent soudainement vers un mode jazz complet. Les lignes staccato pénétrantes de Di Donato se transforment en spirales et hurlements sur soprano sax, tandis que l’accompagnement de Mével s’épaissit jusqu’à évoquer un McCoy Tyner-style. Le mystère derrière ces changements est rendu moins opaque sur « Première Rive », avec des commandes inaudibles échangées à voix conspiratives.

Un interrègne suivant, chargé de balayages mélancoliques de violoncelle et de bulles de clarinette, ne complète pas tant la première section qu’il la relie à « Deuxième Rive ». Cette seconde partie, presque une fois et demie plus longue que la précédente, est dessinée avec la même rigueur. Ici cependant l’ambiance est plus pastorale et légère, avec des improvisations à ligne plate plus des morsures courtes de souffle stabilisées aux côtés des pompages des cordes et des griffures discrètes de cymbale. De façon caractéristique, l’apogée apparaît juste avant le final, avec des accords étendus de piano combinés avec clarinette bourdonnante et une résonnance de grosse caisse finale qui s’évanouit dans l’air.

Preuve qu’entre les bonnes mains, des improvisations pures propulsées avec intensité et style peuvent être aussi inspirantes que toute musique.

— Ken Waxman

Trio Rives — se consacre entièrement à l’improvisation libre.
L’album comprend seulement deux longues pièces, pour un total d’environ quarante minutes de musique.

Issu d’une génération plus ancienne (il a dépassé les 70 ans), Jacques Di Donato est un musicien chevronné, actif aussi bien dans la musique de chambre que dans le théâtre musical. Le jazz l’a attiré dans les années 1960 à travers les nombreux clubs parisiens, et il y est resté une figure majeure. Il joue principalement de la clarinette, mais sur cet album il utilise aussi le saxophone soprano et diverses percussions.

Le contenu du disque est créatif et expérimental, laissant une grande liberté à chacun. On pourrait imaginer une troupe de danse ou de performance accompagnant cette musique, tant sa base semble pouvoir s’enraciner dans la dramatique, la poésie, la danse ou même la peinture.

Les musiciens se connaissent depuis longtemps et ont joué ensemble dans diverses formations au fil des années. Leur écoute mutuelle et leur capacité à se retrouver musicalement sont presque automatiques. Ils partagent la conviction que la création musicale est un acte profondément individuel, tout en cherchant à franchir les frontières et à trouver des passages d’un univers à l’autre.

Trio Rives joue toujours en improvisation totale, et parvient à créer une atmosphère dense et concentrée. Cela tient en partie à l’usage d’un large éventail d’instruments : chacun dispose de percussions et d’objets sonores qu’ils utilisent tantôt seuls, tantôt simultanément. L’instrument principal de Mevel est le piano, mais on entend aussi des sons de guitare, de violoncelle et de bandonéon.

(JKi) Jazzrytmritt - Finlande

PRESS

(Jazz-Quad, Russia) — Trio Rives — May 18, 2014

The second release in the history of the young French label Label Rives is the album Trio Rives. The red background of the first album’s cover (Quartet Alta, which is reviewed on our site) has been replaced with blue; otherwise, the label’s unique graphic style — the disc itself, the booklet, and the flyer sandwiched between two soft magnetic rubber plates — initiated by the label’s founder Gaël Mével, remains unchanged.

Two of the musicians on this new recording were already familiar from the label’s first release. On Trio Rives are Gaël Mével himself — pianist, cellist, and composer, who also plays bandoneon and guitar here — and drummer/percussionist Thierry Waziniak. Their partner on this project is the veteran of French jazz, saxophonist and clarinetist Jacques Di Donato.

The three musicians know each other very well, having often played together in various formations; this project is therefore a reunion of old friends and, if I may say, musical soulmates, as all three operate within the realm of contemporary improvisation — vastly removed from traditional American jazz and much closer to the ideas of contemporary academic avant-garde.

The forty-minute album consists of only two tracks — large, developed improvisational canvases — simply numbered, perhaps to offer the listener total freedom of perception, without directing them through titles that would impose an interpretation. Upon listening, one sometimes feels as if hearing not a trio but a quartet: an invisible fourth presence is felt — and this fourth musician is called Silence.

Pauses and intervals play a very important role in the trio’s sound, especially in the first composition. Certain isolated sounds — piano, saxophone, bandoneon — seem to drift in darkness, their solitary voices loosely connected, enveloped by a dense cocoon of silence. Reflecting on the performers’ compatriots, Sartre and Camus, I would call the aesthetic of Trio Rives a “musical existentialism.” It is hermetic music, challenging to access, yet impressive.

The second piece appears somewhat less radical. The ephemeral links between instruments begin to take tangible shape — for example, when Waziniak’s percussion resonates over a piano ostinato from Mével. In the last third of the piece, Di Donato delivers an extremely moving soprano sax solo, to which Mével and Waziniak respond with their own contrapuntal lines.

The temperature, until then rather cool in the development of the collective improvisation, rises suddenly; the tension builds to conclude with another pause, after which the album ends with a series of well-defined sounds.

I believe this project — and the activity of Label Rives as a whole — will offer many listeners the opportunity to discover the French avant-garde jazz school and realize that, alongside the German, British, or Dutch scenes, France has many interesting musicians, creative ideas, and unusual projects for listeners ready for this type of music. Of course, as elsewhere, they are far fewer than pop or rock fans, but the appreciative audience these musicians can count on exists and will endure.

JazzWord — September 26, 2014

Fully improvised, unadorned music: this CD demonstrates how three accomplished French musicians collaborate to create a kind of sound poem drawing on both serialism and swing. With no apparent fissures, the trio builds two long programs that continually surprise with their rapid transitions.

A distinguished music teacher who has recorded with flutists such as Michel Edelin, Jacques Di Donato plays clarinet, soprano sax, and percussion here. Gaël Mével, whose expertise extends to both film and musical studies, plays piano, cello, guitar, bandoneon, and percussion. Meanwhile, long-time collaborator Thierry Waziniak contributes his percussion and drums, adding a broad palette.

This uncomplicated multi-instrumentation allows each track to include several motifs simultaneously. For example, Feldman-like piano passages appear fleetingly, offering a free-flowing continuum. Added to this is a sonic space devoted to contrapuntal displays of plucked guitars, sharp cello strikes resembling double bass, or bandoneon tremolo breaths. Discreet percussion adds modulated shading, while, like a careful chemist, Di Donato produces only the exact number of split tones or staccato stridencies needed to add the right ingredients to his improvisations.

At certain moments, the trio suddenly shifts into full jazz mode. Di Donato’s piercing staccato lines spiral and wail on soprano sax, while Mével’s accompaniment thickens, evoking a McCoy Tyner-style. The mystery behind these shifts becomes less opaque on “Première Rive,” with inaudible cues exchanged in conspiratorial whispers.

A following interlude, filled with melancholy cello sweeps and clarinet bubbles, does not so much complete the first section as link it to “Deuxième Rive.” This second part, nearly one and a half times longer than the first, is crafted with the same rigor. Here, however, the atmosphere is more pastoral and lighter, with flat-line improvisations complemented by short, stabilized breath bites alongside string pulsations and subtle cymbal scratches. Characteristically, the climax appears just before the finale, with extended piano chords combined with buzzing clarinet and a final bass drum resonance that fades into the air.

Proof that, in the right hands, pure improvisation delivered with intensity and style can be as inspiring as any music.

— Ken Waxman

The Trio Rives is devoted entirely to free improvisation.
The album contains only two long pieces, totaling about forty minutes of music.

Belonging to an older generation (he is now over seventy), Jacques Di Donato is a seasoned musician, active both in chamber music and musical theatre. Jazz first drew his attention in the 1960s through the many Parisian clubs, and he has remained a significant figure ever since. Although he mainly plays the clarinet, on this album he also uses the soprano saxophone and various percussion instruments.

The album’s content is creative and experimental, allowing each musician great freedom. One could easily imagine a dance or performance ensemble accompanying this music, as its foundations seem equally rooted in drama, poetry, dance, or even painting.

The musicians have known each other for many years and have played together in different groups over time. Their mutual listening and ability to reconnect musically are almost instinctive. They share the conviction that musical creation is a deeply individual act, while seeking to cross boundaries and discover pathways between worlds.

Trio Rives always performs in total improvisation, managing to create a dense and focused atmosphere. This results in part from their use of a wide range of instruments: each member has access to percussion and sound objects, used sometimes individually, sometimes simultaneously. Mevel’s main instrument is the piano, but one also hears sounds of guitar, cello, and bandoneon.

(JKi) – Jazzrytmit – Finland

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