Thierry Waziniak

1 Part 13:46
2 Part 24:55
3 Part 36:20
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Bass Clarinet – Nicolas Nageotte 
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Clarinet – Jacques Di Donato 
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Electronics [Electroacoustic Creation] – Diemo Schwarz 
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Graphics [Graphic Concept] – Dominique Masse, Gaël Mevel, Thierry Waziniak 
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Liner Notes [French] – Dominique Masse, Gaël Mevel 
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Liner Notes [Text By Dominique Masse Translated To English By] – Michaël Attias 
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Liner Notes [Text By Gaël Mevel Translated To English By] – Alison Taylor (7) 
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Painting [Cover Hand-Painted By (...), Assisted By] – Catherine Bitton 
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Painting [Cover Hand-Painted By] – Dominique Masse 
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Percussion [Percussions] – Thierry Waziniak 
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Recorded By [Recording By], Mixed By [Mixing By], Edited By [Spatialisation By] – Céline Grangey 
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Shakuhachi [Shakuhachi Flute] – Daniel Lifermann 
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Trumpet, Flugelhorn – Jean-Luc Cappozzo 
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Violoncello, Composed By [Composition] – Gaël Mevel 
This disc was recorded live at "La Maison de la culture du Japon à Paris" on 15 October 2016.
Citizen jazz disque "élu" Franpi Barriaux
"Gaël Mevel est de ces musiciens dont on peut dire, sans que ce soit un cliché, qu’il est pluridisciplinaire. Pas seulement parce qu’il est multi-instrumentiste : des violoncellistes pareillement pianistes ou joueurs de bandonéon, c’est remarquable mais devenu assez familier dans la sphère de nos musiques. Pas uniquement parce que c’est un des pionniers des ciné-concerts, et que son répertoire s’attache à des films muets patrimoniaux de tous horizons qui ont comme point commun leur caractère indémodable, de Gosses de Tokyo de Ozu au Bonheur de Medvekine en passant par Le Vent de Sjöström. S’il est pluriel, c’est parce que Mevel se nourrit de tout cela pour offrir sa vision, son propre syncrétisme, jusqu’aux pochettes uniques de son label Rives, peintes à la main sur une surface aimantée par Dominique Masse qui signe également les notes du Sixième rêve de Nathanaël. Un songe décrit par Le Cercle, un septet réuni à la Maison de la Culture du Japon à Paris où l’on retrouve des figures de la scène improvisée hexagonale tels Jacques Di Donato ou Jean-Luc Cappozo, très en verve ici.
S’il s’agit du sixième songe, exposé ici en trois parties à l’instar des actes d’une pièce de Bunraku, les marionnettes japonaises, c’est qu’il y a eu des précédents ; dans la discographie de Mevel, Images et personnages propose en quintet le troisième rêve, déjà avec le percussionniste Thierry Waziniak, de toutes les aventures. La structure narrative est la même, basée sur un continuum sonore qui circule entre les musiciens sans rupture franche. Le rêve du cercle diverge néanmoins sur la forme et la spatialisation du son. Et si l’on pense au traditions nippones, c’est que la flûte shakuhachi de Daniel Lifermann ou les citations d’Ozu introduites dans la création électroacoustique de Diemo Schwarz induisent une unité de lieu. Du moins, un point de départ puisque d’autres voix fantomatiques viennent hanter une divagation poétique. Gaël Mevel tente de rétablir les voies anciennes de navigation entre l’Occident et le Japon. Des chemins forts codifiés, chargées de poésie, de douceur et de respect qui rendent la traversée aisée malgré quelques remous collectifs au terme du second mouvement. Il n’y aurait pas d’odyssée si tous les récifs se révélaient accueillants…
Sur ce « sixième rêve », le public est au centre d’une ronde formée par les musiciens, et lorsqu’on écoute au casque, conseillé pour profiter pleinement de l’expérience, on perçoit chacun des gestes, chacune des circulations, notamment un jeu permanent entre les clés des clarinettes (le clarinettiste basse Nicolas Nageotte fait un travail nodal dans la multitude de tangentes créées) et les frottements des cordes du violoncelle et des peaux du tambour. Il est d’ailleurs nécessaire de saluer la précision de l’ingénieure du son Céline Grangey qui transcrit à merveille l’étourdissement qui s’empare de nos sens à mesure qu’on se laisse submerger par cette musique instinctive et pourtant scrupuleusement écrite. Comment pourrait-il en être autrement ? On ignore qui est Nathanaël, mais l’on comprend vite qu’il hante les errances de Mevel où se croisent (ce sont ses exemples) le rire de Bibi Anderson, Debussy, Duke Ellington et le cinéma de Kurosawa. Autant dire qu’on se sent chez soi dans cet univers qu’on quitte avec difficulté, comme sa propre couette.
Jazzquad - Russie
Le Cercle – Le Sercle
12.12.2017
L’illustration peinte à la main sur la pochette du nouveau, cinquième en date, tirage du label français Label Rives a cette fois-ci pris non pas une forme rectangulaire, mais une forme ronde. Et cela ne pouvait être autrement : car le projet présenté sur cet enregistrement du violoncelliste et compositeur Gaël Mével s’appelle tout simplement “Le Cercle”. L’artiste-peintre Dominique Masse, auteur du visuel recto du digipack, a rédigé — conjointement avec Mével — les notes de pochette de l’album. Ensemble, ils racontent l’histoire de ce projet.
D’abord soulignons que nous sommes ici en présence du plus large format d’ensemble à ce jour, comparé aux précédentes publications du label Label Rives. Le projet réunit les fondateurs du label — Gaël Mével et Thierry Waziniak — ainsi que le clarinettiste Jacques Di Donato (qui avait déjà joué avec eux dans le trio Trio Rives, et auparavant dans d’autres projets) et plusieurs autres musiciens français dont les noms n’apparaissaient pas encore dans les publications du label : le trompettiste Jean-Luc Cappozzo, l’interprète de bass-clarinette Nicolas Nageotte, le créateur électronique Diemo Schwarz, et le flûtiste japonais au shakuhachi Daniel Lifermann. Toute la musique est composée par Mével. Cet album est « live », son enregistrement ayant eu lieu le 15 octobre 2016 à la Maison de la Culture Japonaise à Paris, mais le concert lui-même avait été organisé de manière très inhabituelle, ce qui faisait partie intégrante de l’intention des créateurs du projet.
“Le Cercle” est un « cercle ». Cette figure géométrique revêt une signification particulière, parfois sacrée, dans de nombreuses cultures. Pensons à Stonehenge, ou à l’égalité du roi Arthur et de ses preux autour de la Table Ronde ; et puisque nous évoquons le Japon, rappelons que le disque rouge du drapeau japonais (hinomaru) symbolise le disque solaire et, depuis des temps anciens, l’empereur du Pays du Soleil Levant. En octobre 2016, les spectateurs du concert furent placés au centre d’un cercle, tout autour duquel prirent place les sept musiciens. Ainsi, des vagues sonores se déversaient sur l’auditeur de tous côtés, l’immergeant littéralement dans une musique très singulière : une suite d’environ trois quarts d’heure divisée en trois parties intitulée « Le sixième rêve de Nathanaël ».
Comme Mével l’écrit lui-même dans les notes de pochette, cette musique se situe à la croisée de la culture occidentale et de la culture japonaise, et combine des éléments composés et improvisés, ainsi qu’un son expérimental comportant divers bruitismes. Mével — non seulement musicien, mais aussi littérateur et grand amateur de cinéma — explique que l’on entend là des échos du cinéma de Yasujirō Ozu et d’Akira Kurosawa, des réflexions sur le travail de Bach, Debussy, Duke Ellington, Ravel, Gershwin, et la musique traditionnelle japonaise. Dans cette trame sonore sont insérées les voix de stars du cinéma célèbres : le rire de Bibi Anderson, la voix de Jeanne Moreau, d’autres fragments. Difficile d’imaginer une telle musique ? Je vous comprends. Mais croyez-moi, il est encore plus difficile de décrire les relations dynamiques et harmoniques complexes entre les tambours profonds de Mével au violoncelle, les lignes enchevêtrées des cuivres, la pluie de percussions de Waziniak, les effets électroniques de Schwarz et la voix mélancolique du shakuhachi de Lifermann. Dans le même temps je reconnais que l’impression ressentie par l’auditeur de l’enregistrement est cent fois moins forte que l’impact vécu par les spectateurs à la Maison de la Culture Japonaise, placés au centre de ce continuum sonore. Donc, si vous avez la chance d’écouter Le Cercle, publié en tirage très limité, vous l’écouterez très probablement plus d’une fois cette musique étonnante.
PRESS
Citizen Jazz – “Élu” (Editor's Pick) – Franpi Barriaux
Gaël Mével is one of those musicians of whom one can truly say, without resorting to cliché, that he is multidisciplinary. Not only because he is a multi-instrumentalist — though a cellist who is also a pianist and a bandoneon player is remarkable, this kind of versatility has become somewhat familiar in our musical circles. Nor simply because he is one of the pioneers of ciné-concerts, performing live music to silent films from diverse origins — timeless works such as Ozu’s I Was Born, But..., Medvedkine’s Le Bonheur, or Sjöström’s The Wind.
He is “plural” because Mével draws on all these experiences to craft his own vision, his personal form of syncretism — extending even to the unique handcrafted sleeves of his label Label Rives, painted on magnetic surfaces by Dominique Masse, who also co-authors the liner notes for Le Sixième rêve de Nathanaël. A dream brought to life by Le Cercle, a septet gathered at the Maison de la Culture du Japon in Paris, featuring key figures from the French improvised music scene such as Jacques Di Donato and Jean-Luc Cappozzo, both in excellent form here.
If this is the sixth dream, presented in three parts like the acts of a Bunraku play (Japanese puppet theater), it’s because there have been previous ones; in Mével’s discography, Images et personnages offered, in quintet form, the third dream, already alongside percussionist Thierry Waziniak — a collaborator through all of Mével’s adventures. The narrative structure is similar, based on a continuous sonic flow that circulates among the musicians without abrupt breaks. However, Le Cercle’s dream diverges in its form and spatial organization of sound.
And if one thinks of Japanese traditions, it’s because of Daniel Lifermann’s shakuhachi flute, and the Ozu film quotations woven into Diemo Schwarz’s electroacoustic textures, which establish a unity of place — or at least a starting point. From there, ghostly voices begin to haunt this poetic drift. Gaël Mével seeks to re-establish the ancient routes of navigation between the West and Japan: highly codified paths, filled with poetry, delicacy, and respect, making the crossing effortless despite a few collective turbulences near the end of the second movement. After all, there would be no odyssey if every reef proved welcoming...
During this sixth dream, the audience is placed at the center of a circle formed by the musicians, and when listening on headphones — as recommended for the full experience — one can perceive every gesture, every movement, notably the constant interplay between clarinet keys (bass clarinetist Nicolas Nageotte’s work is crucial in weaving multiple tangents) and the friction of cello strings and drum skins.
One must also praise the precision of sound engineer Céline Grangey, who perfectly captures the dizzying sensation that seizes the listener as we are gradually submerged in this instinctive yet meticulously composed music. How could it be otherwise?
We may not know who Nathanaël is, but we quickly understand that he haunts Mével’s wanderings — a realm where, as he suggests, the laughter of Bibi Andersson, Debussy, Duke Ellington, and Kurosawa’s cinema intersect. One might say we feel right at home in this world — one we leave only with difficulty, like parting from our own blanket.
Jazzquad - Russie
The hand-painted cover art of the new, fifth release from the French Label Rives has this time taken on a circular shape — naturally so, since the project presented here by cellist and composer Gaël Mével is titled Le Cercle (“The Circle”). Visual artist Dominique Masse, who designed the album’s front cover, also co-wrote the liner notes with Mével, telling the story behind this project.
This is the label’s largest ensemble so far, featuring Mével and drummer Thierry Waziniak, clarinetist Jacques Di Donato (from the Trio Rives project), and newcomers to the label: trumpeter Jean-Luc Cappozzo, bass clarinetist Nicolas Nageotte, electronic sound artist Diemo Schwarz, and Daniel Lifermann on Japanese shakuhachi flute.
Recorded live at the Maison de la Culture du Japon in Paris on October 15, 2016, the concert placed the audience at the center of a circle surrounded by the seven musicians — sound waves literally enveloping them. The music, titled Le Sixième rêve de Nathanaël, forms a 45-minute suite in three parts, blending composition and improvisation with experimental sound textures.
Mével draws inspiration from both Western and Japanese traditions, citing Bach, Debussy, Ravel, Gershwin, Duke Ellington, and Japanese masters like Ozu and Kurosawa. Voices of cinema legends — such as Bibi Andersson and Jeanne Moreau — appear as ghostly echoes within the soundscape.
This remarkable fusion creates a complex web of sonorities: Mével’s resonant cello, Waziniak’s shimmering percussion, Cappozzo’s and Nageotte’s intertwining winds, Schwarz’s electronics, and Lifermann’s haunting flute. Listening on record cannot match the impact of being physically inside that sonic circle, yet Le Cercle remains a singularly powerful and meditative experience — one you’ll likely return to again and again.