Bienvenue dans cette succession de tableaux sonores où l’improvisation agit comme un activateur des forces en jeu.
Nous considérons cela comme essentiel si l’on veut préserver la vie, l’adaptabilité, la réactivité et la créativité inhérentes à la musique de résistance.

Piste 1 : AU DÉBUT
Un son cosmique, comme à l’origine de l’univers, la présence de l’électronique nous permet d’imaginer et d’entendre à la fois la musique du grand tout et le drame à venir.
Une puissance et un temps donnés nous permettent de modifier nos schémas vibratoires et de nous accorder, de nous ancrer avant de franchir un pas vers l’expansion. L’électronique est utilisée ici dans les basses fréquences pour stimuler le corps et les organes.
Puis le son commence à intégrer ce que l’on pourrait imaginer comme une présence humaine. Une attention qui nous ramène sur terre, au plus proche de la matière terrestre, la guitare avec ses accents « rycooderiens » glissant comme un voyage sans fin à travers des espaces que nous imaginons sauvages et libres. L’homme vit ici.
La musique change, des riffs de guitare émergent, les timbres et les rythmes suggèrent le chaos du déracinement, d’être arraché à ses racines, et pour la première fois, l’homme chante et raconte son histoire, comment d’autres hommes ont volé son futur.

Piste 2 : LA VILLE
Le voyage, la traversée, l’approche de la ville, avec l’électronique remplissant une fonction rythmique, puissante et obstinée, le rythme des machines, le timbre des métaux, un espace sonore saturé d’hyperactivité. Résister, trouver la vie dans cet univers, trouver un mouvement corporel, une danse, un souffle arrhythmique imprévisible qui permette de survivre. Mais les battements obsessionnels sont constamment présents, empêchant tout centrage.
Le chant que nous entendons est émis avec un son de vieille radio. La ville a capturé la voix.

Piste 3 : TOTEM
Focus sur la contrebasse, désormais Totem, préparée, ornée d’ajouts et d’offrandes. Prête à jouer, garante des mémoires, des traditions et de la vitalité de chaque foyer. Un solo puissant, explorant toutes les possibilités de l’instrument, nous rappelle qu’en plongeant profondément en soi, l’homme s’est toujours relevé et a appris à vivre ses moments de désespoir.
Le chant rejoint la contrebasse, et nous assistons à la création de ces nouveaux langages véritables de liberté. La fusion opère et crée le remède.

Piste 4 : DITES A (inspiré de Panic The Golden Years de Roland Topor)
1975
Isolement. Une voix ordonne la répétition des voyelles et des sons. Laboratoire de reprogrammation, de rééducation. Attaquer le langage, la musique qu’il génère, la manière très personnelle dont il déchiffre le monde pour chaque individu. Ressentir l’homme résister et en même temps céder aux injonctions d’une voix mécanique qui ne tient absolument pas compte de ses réponses et de ses progrès. L’homme finit par parler une langue qui n’existe pas, mais qui, articulée d’une certaine manière, pourrait ressembler à une langue réelle. Et nous nous retrouvons à tenter de donner un sens à ce langage vide. La voix torturée et celle de l’exécuteur forment un duo de deux solos. L’oppression a ce son.

Piste 5 : DE RIEN
Les catastrophes naturelles n’attaquent pas, elles sont.
Seul l’homme attaque la culture, le langage et la pensée.
Tout doit être reconstruit en profondeur, impossible comme avant, puis, juste avec le présent, vivre très intensément dans le présent. Les musiciens improvisent à partir d’éclats de sons primaires, de boîtes de conserve au souffle… puis élargissent leurs possibilités. En structurant leurs phrases, en entrelaçant leurs intentions au millimètre, pour faire croître la vague. Et, dans le processus d’improvisation, on sent la fragilité de cette renaissance. Et la réactivité rapide du vivant dans l’espace.

Piste 6 : FANFARE
Cette vague est devenue un raz-de-marée, éclatant et créant une fanfare improbable qui, parce qu’elle est née de l’indicible, a eu le temps de créer sa propre identité. La singularité musicale du son de répercussion Blues éclate sur le devant de la scène, invitant tous ceux qui le souhaitent à rejoindre cette voix collective.

 

 

Welcome to this succession of sound tableaux in which improvisation acts as an activator of the forces at play.
We believe this is essential if we are to maintain the life, adaptability, responsiveness and creativity inherent in resistance music.

Track 1: AU DÉBUT
A cosmic sound, as if at the origin of the universe, the presence of electronics allows us to imagine and hear both the music of the great whole and the drama to come.
A given power and time allow us to modify our vibratory patterns and tune in, to anchor ourselves before taking a step towards expansion. Electronics are used here in the lower frequencies to stimulate the body and organs.
Then the sound begins to integrate what we might imagine as a human presence. An attention that brings us back down to earth, as close as possible to the earth's matter, the guitar with its “Ry Cooderian” accents gliding like an endless travelling through spaces that we imagine to be wild and free. Man lives here.
The music changes, guitar riffs emerge, timbres and rhythms suggest the chaos of uprooting, of being uprooted, and for the first time man sings and tells his story, how other men stole his future.

Track 2 : LA VILLE
The journey, the crossing, the approach to the city, with electronics fulfilling a rhythmic function, powerful and obstinate, the rhythm of machines, the timbre of metals, a sound space saturated in hyperactivity. To resist, to find life in this universe, to find a body movement, a dance, an unpredictable arrhythmic breath that enables us to survive. But the obsessive beats are constantly present, preventing any kind of centering.
The song we hear is emitted with an old-fashioned radio sound. The city has captured the voice,

Track 3 : TOTEM
Focus on the double bass, now Totem, prepared, adorned with additions and offerings. Ready to play, guarantor of memories, traditions and the vibrancy of each person's home. A powerful solo, playing with all the instrument's possibilities, reminds us that by plunging deeply into himself, man has always risen up and learned to live with his moments of despair.
Singing joins the double bass, and we witness the creation of these new, true languages of freedom. The fusion operates and creates the remedy.

Track 4 : DITES A (inspired by Roland Topor's “Panic The Golden Years”)
1975
Isolation. A voice orders the repetition of vowels and sounds. Laboratory for reprogramming, re-education. Attacking language, the music it generates, the highly personal way in which it deciphers the world for each individual. To feel man resist and at the same time give in to the injunctions of a mechanical voice that takes absolutely no account of his responses and progress. Man ends up speaking a language that doesn't exist, but which, articulated in a certain way, could resemble a real language. And we find ourselves trying to make sense of this empty language. The tortured voice and that of the executioner form a duo of two solos. Oppression has this sound.

Track 5 : DE RIEN
Natural disasters don't attack, they are.
Only man attacks culture, language and thought.
Everything has to be rebuilt in depth, impossible as before, then, just with the present, live very strongly in the present. The musicians improvise from snippets of the most primary sounds, from tin cans to breath... then expand their possibilities. By structuring their phrasing, by interweaving their intentions in millimetric fashion, to make the wave swell. And, in the process of improvisation, we sense the fragility of this rebirth. And the rapid reactivity of the living in space.

Track 6 : FANFARE
This wave has become a tidal wave, breaking and creating an improbable brass band which, because it was born of the unspeakable, has had time to create its own identity. The musical singularity of Blues repercussion sound bursts into the spotlight, inviting all those who wish to join in this collective voice.